Organisation

Le tableau ci-dessous permet de mieux comprendre la correspondance du mode d’organisation des Témoins de Jéhovah avec celui des autres groupes religieux chrétiens.

 

La correspondance des termes utilisés dans l’ecclésiologie

des Témoins de Jéhovah

 

    étymologie grecque     correspondance francisée       correspondance 

              ecclésia                            église                                  assemblée

           presbutéros                      presbytre                                   ancien

            épiskopos                         évêque                                responsable

             diakonos                          diacre                                    assistant

 

Le mode d’organisation ecclésiale des Témoins de Jéhovah et intimement liée à la question : comment les Témoins de Jéhovah conçoivent-ils la notion de l’autorité religieuse ? [1]

 

Pour les Témoins de Jéhovah, le principe fondamental de l’autorité est énoncé dans un passage biblique : «  Le chef de tout homme, c’est le Christ ; et le chef de la femme, c’est l’homme ; et le chef du Christ, c’est Dieu. » [2]

 

Selon leur compréhension, l’homme n’est ni indépendant ni dispensé de reconnaître l’existence d’un « chef » au-dessus de lui. Au contraire, il doit suivre les instructions et le modèle donnés par Christ, son chef, tant dans ses activités religieuses que dans sa vie privée. S’il est marié par exemple, il doit assigner de l’honneur à sa femme et faire des efforts sérieux pour éduquer convenablement ses enfants. Pour ces chrétiens qui acceptent toute la Bible comme parole de Dieu, comme l’homme Adam fut créé le premier, il reçut une préséance sur sa femme. Elle était l’os de ses os et la chair de sa chair selon le récit de la genèse [3]. Elle fut créée pour l’homme, et non l’homme pour elle [4].

  

Par conséquent, dans leur organisation familiale, les femmes admettent d’être subordonnées à leurs maris. En outre, dans le cadre de leur congrégation, elles n’acceptent pas d’enseigner du haut de la chaire.

  

Il semble que ce principe d’autorité ne soit pas remis en question et soit même plutôt bien accepté. D’ailleurs, les Témoins de Jéhovah ne considèrent absolument pas que les femmes soient inférieures aux hommes. Acceptant toute la Bible, il croit aussi à cette autre parole : « D’ailleurs, pour ce qui est du Seigneur, ni la femme n’est sans l’homme, ni l’homme sans la femme. Car de même que la femme vient de l’homme, de même aussi l’homme vient par la femme ; mais toutes choses viennent de Dieu. »[5]

 

L’ambiance qui règne lors des cultes jéhovéens semble l’attester. Dans le cadre d’observations participantes dans leurs lieux de culte (Salles du Royaume), on constate que les femmes qui y viennent sont bien habillées, plutôt classique mais pas démodé. Hommes et femmes parlent ensemble sans aucune gêne. Et même si les femmes n’occupent que rarement des postes au sein de la congrégation, des femmes Témoins de Jéhovah prennent cependant des places importantes dans d’autres instances jéhovéennes: la présidence du Cercle Européen des Témoins de Jéhovah Ancien Déportés et internés (CETJAD) est assumée par une femme, Ruth Danner, elle-même ancienne déportée. Elle remplaçait à ce poste une autre femme ancienne déportée Témoin de Jéhovah, Simone Arnold-Liebster.

  

Ainsi, pour les Témoins de Jéhovah, le principe d’Autorité doit toujours être bien compris et aller dans le sens de l’amour de son prochain.  On parle de l’Autorité théocratique. Il faut prendre ce terme selon son sens étymologique strict (grec theokratia ; de theos, dieu et kratos, pouvoir). La Théocratie, c’est  « le gouvernement où l’autorité, regardée comme émanant de Dieu, est exercée par ses ministres. »[6] 

   

Les Témoins de Jéhovah considèrent comme leur l’autorité suprême  Jéhovah Dieu. C’est à lui qu’ils adressent leurs prières et c’est lui qu’ils reconnaissent pour Père et Dieu Tout-Puissant. Puis, Jésus-Christ représente le plus haut degré d’autorité après son Père céleste comme Chef de la congrégation chrétienne. Les anciens dans les congrégations locales sont considérés comme les bergers (ou pasteurs) du « troupeau » de Dieu et ils ne doivent pas commander en maîtres aux « brebis » de Dieu, mais se rappeler qu’ils sont soumis à Jésus Christ et à Jéhovah Dieu[7].

  

Leur argument chrétien est celui-ci : Jésus Christ a toujours agi conformément au principe de l’autorité ; il montrait en paroles comme en actes qu’il reconnaissait entièrement l’autorité de son Père. Même après avoir dirigé la terre pendant mille ans, il s’inclinera devant l’autorité universelle de Jéhovah Dieu en lui remettant le Royaume, en se soumettant lui-même « à Celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit toutes choses pour tous. »[8]

 

Dans leur brochure Les Témoins de Jéhovah en France, sous l’intertitre L’organisation du culte, les membres du consistoire national expliquent succinctement leur ecclésiologie : « L’organisation ecclésiale du culte des Témoins de Jéhovah est calquée sur le modèle de l’Église primitive. Comme au premier siècle, les ministres du culte Témoins de Jéhovah ne constituent pas un clergé distinct des laïcs[9] (Évangile selon Matthieu 23 :8-11). Chaque congrégation est placée sous l’autorité spirituelle d’un collège de presbytres ou anciens. Ce sont des ministres du culte qui remplissent les conditions bibliques requises par leurs fonctions. Des diacres ou [assistants] ministériels les assistent. – Première lettre de Paul à Timothée 3 :1-13 ; à Tite 1 :5-9. »

  


[1] Étude perspicace des Écritures, WTPE, vol. 1, 1997, pp. 233-234.

[2]  TMN, 1 Corinthiens 11, 3.

[3]  TMN, Genèse chapitre 2, versets 22, 23.

[4]  TMN, 1 Corinthiens, chapitre 11, verset 9 : «  Et qui plus est, l’homme n’a pas été à cause de la femme, mais la femme à cause de l’homme. »

[5]  TMN, 1 Corinthiens, chapitre 11, versets 11, 12.

[6]  Dictionnaire encyclopédique Larousse, Paris, Librairie Larousse, 1978, volume 21, p. 9054. 

[7]  TMN, 1 Pierre 5, 1-4.

[8]  TMN, 1 Corinthiens 15 : 28.

[9]  Revue du Droit public, n°4, 1991, pages 1109 à 1135, note des rédacteurs : « cf : Le statut des ministres du culte en France : le cas des Témoins de Jéhovah. » 

 

Référence universitaire pour citer cet article :

- Barbey Ph., Les Témoins de Jéhovah, mode d'organisation, Focus sociologique, consulté le [date].

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