Max Weber et les Charismes

Le sociologue allemand Max Weber (1864-1920)[1] veut ouvrir la voie à une sociologie comparative et interprétative. Par une sociologie « compréhensive », il cherche à déterminer les mobiles qui poussent les individus à agir. Il se propose d’abord de décrire, d’un point de vue individualiste, ces processus intérieurs s’exprimant dans la réalité visible à travers les actions produites par ces motivations individuelles.

 

 Il isole quatre types d’action:

 

-  l’action traditionnelle comme témoignage de la prégnance du passé,

-  l’action affective régie par les pulsions,

-  l’action rationnelle en valeur, comme résultats des convictions de   l’individu,

- l’action rationnelle en finalité, fruit de la réflexion froide mettant face à face moyens disponibles et objectifs fixés.

 

Ces différentes formes d’action sont du ressort de la méthode wéberienne de l’idéal type, qui cherche à élaborer un modèle d’explication de la réalité, modèle qui se veut transposable à travers l’histoire. Son but est de rendre compte de l’évolution des différentes organisations de la société en y voyant la marque d’une rationalisation progressive.

 

Max Weber analyse particulièrement le processus de rationalisation du religieux comme dans L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme.[2] Dans cet ouvrage important qu’il écrit en 1904-1905, il fait correspondre calvinisme et diffusion de l’esprit du capitalisme. Pour lui, ces deux ethos sont comparables dans la mesure où ils ont en commun le même comportement dans l’ascèse. Cet ascétisme convient aussi bien à la recherche spirituelle du salut de l’âme marquée par le puritanisme qu’à la dynamique économique qui pousse un individu à entasser des biens matériels.  

 

Il applique ensuite ces recherches à l’analyse de la civilisation occidentale dans un autre ouvrage saillant publié en 1922, après sa mort, Wirtschaft und Gesellschaft (Économie et Société).[3] Ce livre, extrêmement dense, aborde le droit, les pouvoirs politiques, la religion, les arts, domaines marqués selon lui, par la même rationalisation progressive qu’il nomme d’une formule maintenant très célèbre « le désenchantement du monde ».

 

 

Il analyse ainsi le principe de l’autorité comme une forme de pouvoir façonnée par les normes de la société et qui ne peut fonctionner qu’avec l’assentiment des personnes qu’elle domine. L’autorité exclut le recours à la menace ou à la force pour privilégier plutôt la persuasion. Cela implique que l’individu qui fait autorité ou ceux qui reconnaissent son autorité produisent un effort particulier visant à convaincre l’autre qui à son tour reconnaît et se soumet à cette autorité par une volonté raisonnée.

 


[1]  Max Weber, né à Erfurt,  fait ses études aux universités de Heidelberg, Berlin et Göttingen. Juriste, professeur d’économie aux universités de Fribourg (1894), de Heidelberg (1897) et de Munich (1919), il est également directeur de la revue allemande de sociologie Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik. Il écrit notamment : Wirtschaft und Gesellschaft (Économie et Société)Die Protestantische Ethik und der Geist des Kapitalismus (L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme) et Gesammelte Aufsätze zur Religionssoziologie (Sociologie des religions).

 [2] Weber M., L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, traduction inédite et présentation par Isabelle Kalinowski, Paris, Flammarion, 2000.

 [3] Weber M., Economie et société/ 1, Les catégories de la sociologie, Paris, Plon, Agora Les classiques, collection dirigée par François Laurent, 1995. 

-, Economie et société/ 2, L’organisation et les puissances de la société dans leur rapport avec l’économie, Paris, Plon, Agora Les classiques, collection dirigée par François Laurent, 1995, Paris, éditions Pocket, 1995.

 

  Référence universitaire pour citer cet article :

- Barbey Ph., Max Weber et les charismes, Focus sociologique, consulté le [date].

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