Le baptême chez les Témoins de Jéhovah

 

Pour un Témoin de Jéhovah, le baptême est le moment le plus important de sa vie. Souvent, il écrit cette date sur sa Bible. On voit bien l’appartenance protestante. C’est le jour de son entrée en christianisme.

  

Même s’il était auparavant catholique et avait été baptisé petit enfant, il considère que ce premier baptême n’a pas de valeur au moins pour quatre raisons à la fois de fond et de forme : 1) il lui fut imposé par sa famille, 2) il n’était pas une personne consciente lors du baptême, 3) il n’avait pas la connaissance éclairée de l’Evangile, 4) ce baptême par aspersion n’a aucune valeur selon la Bible [1].

  

On note la reprise des idées anabaptistes et antipédobaptistes. Les Témoins de Jéhovah se revendiquent de la Bible, on se rappelle leur biblicisme, pour fonder leur pratique baptismale[2]. Ils soulignent donc que le baptême doit rester ancré, à la fois dans le fond chrétien et dans la forme évangélique.

  

Quand quelqu’un se fait baptiser comme Témoin de Jéhovah, c’est un moment solennel. Pour souligner cet instant, les Témoins attendent leurs grandes assemblées de printemps, d’été ou d’automne pour organiser la cérémonie. Dans leurs grandes salles d’assemblées, ils ont construit des baptistères à cet effet. Le candidat au baptême a d’abord étudié la Bible profondément ainsi que la théologie jéhovéenne. Il a acquis, en général, une assez bonne connaissance des Écritures saintes et sait bien manier la Bible. Il a aussi conformé sa vie aux exigences du christianisme telles que les Témoins de Jéhovah les comprennent. Pour eux, lors du baptême, c’est une vie nouvelle qui commence [3]. Les candidats ainsi prêts et approuvés par les anciens de la congrégation qu’ils fréquentent sont invités à s’asseoir au premier rang quand le sermon du baptême est annoncé.

 

Le ministre chrétien qui préside la cérémonie, souvent un ancien confirmé, commence par souhaiter la bienvenue aux nouveaux convertis : « Au nom de la famille internationale des frères, nous sommes très heureux de vous souhaiter, chers candidats au baptême, une chaleureuse bienvenue » (applaudissements vigoureux de l’assistance). L’orateur rappelle le processus qui les a amenés jusqu’à ce moment : l’étude assidue de la Bible (Etudiants de la Bible) les a conduits  à vouer leur vie à Jéhovah Dieu (unitarisme) au point de symboliser cette décision prise personnellement (Eglise professante) et dans le recueillement de la prière par le baptême (christianisme). Le candidat entre dans de nouvelles relations avec Dieu. Il devra continuer de renier les vieux traits de caractère indésirables et les pratiques dont il a dû s’affranchir pour revêtir le Christ. Il sera un chrétien pratiquant, continuera d’assister aux cultes et annoncera régulièrement l’évangile du Royaume de Dieu (millénarisme-messianisme) proche (adventisme[4]. Le baptême est le symbole visible de l’offrande de sa personne à Dieu. Les candidats sont invités à se lever. On sent que le moment est important. Toute l’assistance est très recueillie.

 

Deux questions sont maintenant posées aux candidats qui sont invités à y répondre à haute et intelligible voix : « 1) Sur la base du sacrifice de Jésus Christ [crucicentrisme], vous êtes-vous repentis de vos péchés et vous êtes-vous voués à Jéhovah pour faire sa volonté ? (oui)  2) Comprenez-vous qu’en vous vouant à Dieu et en vous faisant baptiser vous vous identifiez à des Témoins de Jéhovah et vous vous unissez à l’organisation divine, qui est dirigé par l’esprit saint ? (oui).  Vos réponses claires et affirmatives à ces questions indiquent que vous remplissez les conditions requises pour être baptisés comme ministres ordonnés de Jéhovah Dieu. » (applaudissements très nourris). Une prière est ensuite prononcée (silence total). Puis un cantique de circonstance est chanté [5].

 

Les candidats au baptême sont dirigés ensuite vers le lieu du baptême. Des cabines sont à leur disposition pour revêtir le maillot de bain dont ils se sont munis pour venir à l’assemblée (les Témoins de Jéhovah précisent maillot de bain décent). Des dispositions spéciales sont prises pour le baptême des personnes âgées  ou handicapées. Après être descendu dans l’eau du baptistère, un ancien habillé d’un short et d’un maillot blanc à manches courtes, rassure le candidat, souvent très ému, puis lui demande de se pincer le nez. La personne est plongée dans l’eau puis immédiatement remontée. Elle est baptisée et sera désormais considérée comme un frère ou une sœur chrétien. Ceux qui regardent les baptêmes, amis, familles, applaudissent, prennent des photos. Il y a ensuite, quand le baptisé, les cheveux encore humides, revient dans la salle, des embrassades, des poignées de main.

 

En tout, la cérémonie dure environ une heure à une heure et demie selon le nombre de personnes à baptiser, sermon, prière, cantique et baptêmes compris. De retour dans leur congrégation respective, les nouveaux disciples seront inscrits, sur leur demande, sur le Registre des baptêmes, soigneusement tenu à jour par le Secrétaire de la congrégation et leur baptême sera annoncé à toute la congrégation, ceci donnant lieu à de nouveaux témoignages de joie. Désormais, lors de leur participation au culte, ils seront appelés frère untel ou sœur unetelle, signe de leur pleine appartenance à la communauté.

  

En dehors du baptême, le moment cultuel le plus solennel dans la vie du Témoin de Jéhovah est la célébration annuelle du Mémorial.

 


[1] Les Témoins de Jéhovah en France, 1991, p.7 : « Par le vœu du baptême, le Témoin de Jéhovah se voue au service de Dieu. Mûrement réfléchi, ni produit d’une émotion subite ni obligation imposée dans la petite enfance, le baptême résulte d’un choix délibérément consenti par l’intéressé. »

[2] P. Alexander (et coll.), Le Monde de la Bible, Lion Publishing, Tring, Herts, Angleterre, 1978, pp. 151, 152 : « Jésus ordonna à ses disciples de baptiser les nouveaux convertis. Cette pratique était aussi d’origine juive. Pendant la période intertestamentaire, les prosélytes (convertis au judaïsme) étaient baptisés (ou immergés) généralement dans la rivière la plus proche, en signe de purification. (…) Mais le baptême chrétien n’était pas considéré comme un rite de purification (…). Parfois on baptisait « au nom de Jésus-Christ », parfois « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Matthieu 29,19 ; Marc 1,4-11 ; Romains 6,3-4 ; Actes 8,26-39 ; 2,38 ; 19,5. »

[3] idem, p. 99 : « A l’époque néotestamentaire, on baptisait les gens quand ils devenaient chrétiens. Ils confessaient publiquement leur nouvelle foi en se laissant immerger dans l’eau. Paul explique que c’était une image de leur union à Jésus-Christ dans sa mort et de leur résurrection avec lui à une vie nouvelle. Ceci impliquait une rupture avec le passé, le pardon des péchés et un nouveau départ grâce à la force que Jésus donne. (…) Marc 1,1-8 ; Matthieu 29,19-20 ; Actes 2,38-41 ; Romains 6,3-11. »

[4] P. Liégé, Christianisme, L’Histoire du christianisme, Paris, Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 2000, p.262 : « C’est dans la mouvance des événements de Pâques et de Pentecôte et du témoignage des Apôtres que devait s’opérer le premier regroupement des chrétiens. On devenait chrétien d’abord par une conversion à la personne de Jésus identifié comme Seigneur, le rite du baptême venant sanctionner cette conversion. En se convertissant, les croyants avaient conscience d’entrer dans l’espace final de l’histoire du monde, les temps messianiques, d’accéder à un renouvellement d’existence, d’entrer dans le salut, d’accueillir la vérité dernière sur la condition humaine (…). » 

[5] Livre de chants pour les cultes des Témoins de Jéhovah, 2009 : cantique n° 7 : « L’offrande de soi et le baptême » , cantique n°58 : « Prière d'offrande de soi », cantique n°59 : « Je me suis voué à Dieu. » 

 

Référence universitaire pour citer cet article :

- Barbey Ph., La pratique du baptême chez les Témoins de Jéhovah, Focus sociologique, consulté le [date].

 

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