Conférence du CETJAD

« Témoins et martyrs des camps :

Le cas des Témoins de Jéhovah

(1933-1945) »

Samedi 28 janvier 2017, 15h-17h,

Cité mondiale, Bordeaux.

 

Résumé du programme

Dans son intervention (discours d'introduction et de clôture), Philippe BARBEY, sociologue des religions et de la laïcité, explique que le camp d'Auschwitz-Birkenau a été le camp emblématique de la barbarie nazie envers les Juifs au point de faire oublier le destin dramatique d'autres catégories de martyres tels que les Témoins de Jéhovah (triangle violet). Des survivants ont témoigné de leur martyr particulier pour leur résistance religieuse au nazisme. Plus récemment, des chercheurs s'y sont intéressé. En décembre 2000, le gouvernement allemand a fini par réparer les graves torts qui furent causé à cette catégorie de détenus et à leur rendre leur honneur et leurs droits. Par leur pacifisme et leur non-violence, les Témoins de Jéhovah contribuent à la paix du monde.

 

Pour lire l'intervention complète : https://barbeyphilippe.jimdo.com/une-reconnaissance-pour-la-mémoire-de-la-déportation-religieuse-le-cas-des-témoins-de-jéhovah/

Geneviève DE GAULLE est déportée au camp de Ravensbrück de 1944 à 1945. Elle est placée dans le « bunker » dans des conditions d’isolement très dures. Là, elle fait la connaissance d’une Témoin de Jéhovah qui lui apporte la nourriture : "Une détenue âgée exécute les ordres. Elle porte le triangle violet des Témoins de Jéhovah et un numéro qui la signale comme une des premières immatriculées dans le camp.(…)". J'avais pour elles beaucoup d'admiration.

 

Le récit de son internement  : La traversée de la nuit, Seuil, Paris, 1998 (pp. 20, 26, 27).

http://www.seuil.com/ouvrage/la-traversee-de-la-nuit-genevieve-de-gaulle-anthonioz/9782020363747

 

Estelle MUNSCH, historienne, rappelle que les Etudiants de la Bible prennent le nom de Témoins de Jéhovah en 1931 pour affirmer une identité spirituelle individuelle et collective forte. Quand le nazisme arrive au pouvoir en 1933, ils le rejettent catégoriquement. Les nazis veulent leur faire perdre leur identité dans les camps. Les Témoins y meurent par milliers parce qu'ils préfèrent mourir plutôt que d'abjurer leur foi. Leur martyr est pourtant tomber dans l'oubli. Le CETJAD contribue a réparé cette lacune grâce à son travail de Mémoire.

 

Jacky TRONEL, historien des prisons et des camps français, compare les camps allemands et les camps français. Il décrit d'abord la naissance et la géographie des différents camps allemands (concentration, extermination). 10.000 Témoins de Jéhovah y ont été internés, près de la moitié y sont morts. Les camps français existaient bien avant Vichy. Sous Vichy, ce sont des "centres de séjour surveillé pour indésirables". Des Témoins de Jéhovah y sont détenus puis déportés vers les camps nazis. C'est le cas de Louis Piéchota. Les allemands comme les français considèrent les Témoins comme "Indésirables". Même si les camps français n'avaient pas l'extermination pour finalité, leurs conditions d’internement restent mortifères. Ils ont été les antichambres de la mort pour les 75.000 Juifs de France déportés vers Auschwitz.

 

Le blog de Jacky Tronel : Histoire pénitentiaire et Justice militaire

https://prisons-cherche-midi-mauzac.com/bienvenue-sur-le-blog-de-jacky-tronel

 

Françoise HUGOU est baptisée Témoin de Jéhovah en 1931 à Paris. Sous le régime de Vichy, elle refuse de chanter Maréchal, nous voilà!, de saluer le drapeau bien qu'elle affirme le respecter. Elle est dénoncé par son instituteur. Son père, lui aussi Témoin, est déporté. Elle-même est envoyée au camp de Rivesaltes comme "indésirable". Elle s’affaiblit beaucoup à cause du manque de nourriture. Elle doit partager une ration de 125g de pain en 5 ou en 8 parts. Elle na jamais renié sa foi et ce jusqu'à ce jour.

 

Maître Richard VALEANU, spécialiste de la défense des minorités et des libertés fondamentales, retrace magistralement la construction progressive d'un droit à l'objection de conscience. Ce droit est très important pour les Témoins de Jéhovah étant donné leur opposition religieuse à la guerre. Ils refusent le service militaire partout dans le monde. Le combat des Témoins de Jéhovah est toujours pacifique. C'est une résistance spirituelle. A travers les grandes dates de cette construction d'un droit à l'objection de conscience, depuis la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1789 jusqu'à nos jours, Maître Valeanu souligne la contribution décisive des Témoins de Jéhovah à la reconnaissance progressive du droit naturel supérieur à la liberté de conscience et de religion.

 

Lire de Richard Valeanu : L'Etat français et la liberté de conscience

 http://www.valeanu.com/?p=56#more-56 

 

Guy CHATAIGNÉ a plus de 90 ans. Mais quand il parle des camps, il retrouve toute son énergie pour dénoncer les horreurs qui y furent commises par les nazis. Déporté politique (triangle rouge) numéro 58067 à Sachsenhausen, Guy Chataigné se souvient très bien des Témoins déportés dans le camp. Ils refusaient toutes activités liées à la guerre et étaient encore plus cruellement traités à cause de cette prise de position irrévocable.

 

Un témoignage de Guy Chataigné dans une école : http://www.dailymotion.com/video/x2j0wln

 

 

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